Le Webdocumentaire par Alexis Sarini, Journaliste.

Publié le par mademoiselle-elda.over-blog.com

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Afin d’apporter des éléments complémentaires sur ce que signifie le webdocumentaire, Alexis Sarini, journaliste, a apporté sa contribution en répondant à quelques questions pour nous aider à mieux comprendre.

 

Il est tout fraîchement diplômé de l’ESJ Paris. Il a fondé avec Louis Villers, le site Webdocu.fr en novembre 2009. Journalistes avant tout, ils réalisent plusieurs reportages en France et à l’étranger. En parallèle, ils gèrent une petite entreprise de communication sur internet. Concernant leur actualité, en janvier 2011 ils couvriront le Dakar au Chili et en Argentine pour le monde.fr.

 

 

 

 

Votre site référence des webdocumentaires. A partir de quelle réflexion, quel constat ou quelle interrogation avez-vous décidé de le proposer sur le web ?

 

L’idée de la création de WEBDOCU.fr vient d’un constat assez simple. Beaucoup de webdocumentaires présents sur la toile possèdent une structure flash. Par conséquent, ils ont des difficultés pour être référencés sur les moteurs de recherche. Nous avons donc décidé de créer une plateforme pour les regrouper et les classer par sujet et caractéristique afin de faciliter « leur consommation » par l’internaute. De plus, ces nouvelles formes de reportages sont un genre nouveau, en constante évolution depuis quelques années. Il nous paraissait important de leur offrir un espace de réflexion. Très rapidement, le site a pris la structure qu’il a aujourd’hui.

 

Les projets diffusés émanent-ils stricto-facto des professionnels de l’image ?

 

Sur le principe, nous référençons et diffusons des œuvres qui émanent de tous les milieux : amateurs, étudiants, professionnels…Je pense qu’il est important que nous soyons ouverts à toutes les tentatives et propositions. D’autant plus, lorsqu’il s’agit d’un genre qui n’est pas encore bien défini. Nous nous attachons surtout à l’originalité du reportage et à ce qu’il propose en terme de narration. Toutefois, le webdocumentaire est actuellement assez méconnu et nous ne répertorions quasiment pas d’exemples de projets « d’amateurs ». Par contre, nous identifions des créations d’étudiants comme « les Communes de Paris », un webdocumentaire de fin d’étude de Simon Buisson (vous le trouverez ici dans la rubrique "Liens"), ou encore « Link Generation » de Jérémy Joli étudiant en journalisme.

 

Est-ce que l’accès aisé aux nouvelles technologies et leurs outils ne favorise pas l’idée qu’il est facile de créer un webdocu ou une POM ? N’y a-t-il pas une éthique professionnelle à promouvoir ?

 

Le danger est peut-être là. Il est vrai qu’internet nous offre des outils pour construire de jolies choses, faire de belles interfaces mais l’important est de proposer un projet qui a du fond, une histoire et une narration. De plus, beaucoup d’entre eux sont qualifiés en tant que webdocumentaire mais en vérité, ils ne le sont pas. Par exemple, j’ai vu sur le site d’un internaute, qu’il nommait son projet avec cet intitulé. Mais, il s’agissait d’un mélange de photographies et de vidéos publié sur Youtube sans forcément proposer une création caractéristique du journalisme. A l’image d’un 52’ pour la télévision, il faut construire une histoire, réfléchir à une structure… La forme de son œuvre n’est pas le seul point qui le détermine comme un webdocumentaire, et son auteur doit la créer dans un objectif d’information en utilisant les bons outils disponibles sur le web.

 

Pour répondre à la deuxième partie de la question, je pense qu’effectivement il est important de promouvoir une certaine éthique. Elle doit être celle que tout journaliste possède, qu’il soit sur le web, la télévision ou la radio.

Le genre webdocumentaire a un rôle important à jouer parce qu’il représente une information de qualité sur internet par rapport au flux d’informations constant et varié. Le travail d’un auteur consiste à proposer une information fiable et sourcée. J’ajouterai, que dans certains cas, il exprime et assume son point de vue. Il est donc primordial qu’il soit le reflet d’une éthique journalistique.

 

Qu’est-ce que l’éthique pour le journaliste ?

 

L'éthique du journaliste se caractérise par le respect de la déontologie du métier. Dans les grandes lignes, il s’agit d’un devoir de véracité envers le public, de responsabilité, et d'intégrité. Le journaliste s'engage aussi moralement à respecter la vie privée des individus et à obtenir des informations uniquement par des moyens légaux.

 

Quelle est la ligne éditoriale de webdocu.fr ?

 

Nous ne possédons pas une ligne éditoriale stricte. Nous sommes deux à entretenir quotidiennement le site. En plus de Louis et moi-même, notre équipe est composée de blogueurs (reporters, documentaristes) pour la plupart installés à l’étranger. Par exemple, Patricia Bergeron au Canada et Léa Baron à New York… Actuellement, nous sommes en discussion pour ouvrir des blogs qui seraient tenus par des Suisses et des Allemands.

 

Si nous devions résumer en une phrase notre fil conducteur, cela serait : « travailler à la promotion et la diffusion de nouvelles formes de reportages sur Internet, envers les professionnels et le grand public ».

 

Comme notre site est orienté sur le reportage et le documentaire, nous nous intéressons aux créations journalistiques. Toutefois, nous n’excluons pas les webdocumentaires corporate, les web-fiction documentaires et même certaines publicités mises en ligne sur le net…Nous nous considérons un peu comme un laboratoire de curiosités.

 

Est-ce que la facilité de partage et la profusion des canaux de diffusion n’induisent pas l’illusion dans l’esprit de certains amateurs d’obtenir la reconnaissance des professionnels ?

 

Je pense que les milieux amateurs, qu’ils soient débutants ou confirmés et les milieux professionnels sont encore très cloisonnés. Pour parler du cadre strict du webdocumentaire, il y a peu de place pour les amateurs. Ce nouveau genre nécessite beaucoup de compétences différentes (photo, vidéo, développement flash…). C’est un domaine pointu. Toutefois, pour parler de photojournalisme même si ce n’est pas mon domaine, j’ai l’impression que la multiplication des canaux de diffusion ne va pas faciliter une reconnaissance des professionnels envers les amateurs, mais au contraire les séparer. Nous verrons sûrement de beaux travaux faits par des amateurs, mais sur leurs propres diffuseurs. Comme il n’y a pas d’argent en jeu, elles conserveront l’étiquette « amateur ».

 

Je tiens à remercier Alexis Sarini pour son intervention. Vous trouverez dans la rubrique « pages », un document qui présente le site. Par ailleurs, il est en ligne dans la rubrique « Liens ».

Publié dans Webdocumentaire

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