L'avenir du photojournalisme est-il vraiment en question?

Publié le par mademoiselle-elda.over-blog.com

Comme vous avez pu le constater il existe aujourd’hui de nouveaux supports, de nouvelles formes de narration, mais en quoi cela peut-il révolutionner le monde du photojournalisme ?

Que ce soit sur Wikipédia ou sur d’autres blogs, cette question est récurrente. En effet, les nouveautés introduites par les nouvelles technologies amènent des questions sur la pratique du photographe ou photo-reporter aujourd’hui. Et je pousserai même le sujet au domaine de la sémiologie visuelle qui s’interroge sur l’impact de ces dernières pour analyser l’image et ses objets de signification.

 

Si je suis la chronologie des évolutions techniques, étymologiquement, le mot photographie comporte deux racines grecques qui signifient « photo », lumière et « graphie » écrire. J’oserai dire que la photographie consiste à écrire avec la lumière. C’est une définition personnelle que j’indique mais les précurseurs n’ont-ils pas tenté d’écrire cette lumière ? Que ce soit, Niépce ou d’autres, ils recherchaient de quelle façon il était possible de la fixer en combinant plusieurs composants chimiques pour trouver le procédé adéquat. Une fois le procédé au point, il s’agissait ensuite de diminuer le temps de pose. Et si je m’y réfère, nous assistons toujours à une recherche d’amélioration de la technique afin de produire une image qui transpose une représentation, fixée sur papier. Avant même d’en arriver aux nouveaux supports que nous connaissons sur le net, il a été développé une technique qui permette de conserver, par réaction chimique, la lumière sur un support fixe. Ceci étant, est-ce que cette recherche n’était pas liée à l’objectif « d’écrire » une représentation visuelle la plus fidèle possible à l’œil et significative ? En effet, ce procédé permettait une lecture différente de ce que l’œil perçoit sur un support autre. Puis, la technique s’améliore et propose aux photographes les boîtiers argentiques.

 

Le métier se développe. La photographie humaniste, la photographie journalistique évoluent, s’organisent. Avec un positionnement des auteurs qui me séduit puisqu’ils s’évertuent à figer sur négatif un sujet tout autant que l’environnement dans lequel ils se situent. Le photographe propose un témoignage de sa société ou plus largement du monde dans lequel il vit. L’image n’est pas limitée dans l’aspect esthétique mais trouve aussi sa force dans son objet narratif. Le public visualise un cliché ou un ensemble de clichés qui vont impacter la conscience collective. Par exemple, aux Etats-Unis, les travaux de photographes ont permis de créer une prise de conscience de certaines réalités jusqu’à s’organiser du point de vue législatif pour tenter d’y remédier. En Europe, les photographes mettent plus de temps pour trouver un écho envers la société et le grand public. Mais, quel que soit le pays, les divers travaux diffusés rendent compte d’une esthétique, d’une plastique mais pas seulement. Ils nous exposaient un récit par l’image d’une représentation d’un sujet humain, de sa problématique. Chacun y trouvera signification en fonction de son vécu, ses valeurs, aspirations et de la représentation qu’il se fait du monde dans lequel il vit. Mais l’appareil argentique a-t-il bouleversé les fondements du métier ?

 

Puis l’ère du numérique prend sa place mais, la force narrative en est-elle remise en cause ? Ou n’est-ce pas plutôt la technique qui change plutôt que l’objet même du travail effectué par le photo-reporter ? En effet, les appareils sont de plus en plus performants, ils sont pratiques dans le sens où les pellicules n’ont plus besoin d’encombrer le professionnel lorsqu’il se rend sur ses reportages. Il suffit de télécharger les photographies sur un ordinateur et de les travailler seul ou en laboratoire. Les grands noms de la photographie ont-ils vécu cette petite révolution technologique comme certains aujourd’hui avec le développement des applications Iphone et vidéo? Pour certains, j’aurai volontiers poussé mes investigations à leur poser la question directement. D’ailleurs, je lance un appel à celle ou celui qui serai tenté d’apporter sa contribution sur la transition entre l’argentique et le numérique.

 

Aujourd’hui, nous constatons une nouvelle évolution par le web qui élargit la technique. Est-ce que pour autant, l’apparition de nouveaux métiers comme de nouveaux outils utilisés par les professionnels en modifient les fondements du métier comme cités plus haut ? Peut-être y a-t-il confusion entre technique, nouvelles technologies et éthique ? Pourquoi le professionnel se privera d’utiliser tout ce qu’il a à disposition dans la mesure où il continue de témoigner d’une problématique ? Ne donne t-il pas par ces nouveaux moyens une autre force narrative au travail qu’il diffuse ? Il est vrai que ce qui est méconnu effraie. Nous en sommes au début, laissons leur le temps de s’organiser, d’évoluer avant de définitivement penser que la pratique « classique » ne soit plus qu’un souvenir et annoncer la mort du photojournalisme.

 

Pour conclure, je perçois un danger potentiel par la combinaison de plusieurs éléments qui va au-delà de l’accessibilité aisée du grand public aux nouvelles technologies. Je m’interroge des dérives potentielles vis à vis des critères établis par les sites de partage qui utilisent à souhait le web, de certains médias qui proposent l’émission de ses images sans contrepartie financière. En fait j’ai l’impression que la difficulté se situe dans la sur-consommation des images « amateurs » ou des projets « amateurs » au détriment de l’économie du marché, de l’éthique fragilisant les conditions d’exercices du métier de photographe professionnel. Peut-être est-ce un point qui fera l’objet d’un travail par les professionnels pour diminuer les dangers présents sur le net.

 

Ce sujet intéresse et pour ce faire, j’interrogerai des photographes sur ce thème. Bientôt un nouvel article sera diffusé avec leurs points de vue.

 

Sources

http://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie

La Photographie sociale. Photo Poche. Edition Actes Sud 2010

 

Publié dans Photojournalisme

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