Photojournalisme et Numérique: Mode d'emploi s'il vous plaît!

Publié le par mademoiselle-elda.over-blog.com

Supports multiples, nouveaux formats, web, photographie, photojournalisme, 3G, 4G oui mais l’amateur où se situe t-il ? Comment peut-il s’y retrouver ?

 

Plutôt que d’interpréter différentes sources sur la base de ces mots clés, j’ai préféré m’adresser directement à un photojournaliste. Le risque d’émettre un avis subjectif et erroné sur ces points était possible. De ce fait, j’ai interrogé Wilfrid Estève (site dans la rubrique liens). Mais avant le jeu des questions et réponses, une petite présentation s’impose pour celles et ceux qui ne le connaissent pas.

 

Il a remporté la mention spéciale du prix Nadar en 2005 pour son ouvrage « Photojournalisme à la croisée des chemins ». Il est le co-fondateur de l’agence l’OEil Public. Il a été directeur associé de l’agence MYOP. Aujourd’hui, il œuvre dans de nombreux domaines : il préside l’association « Freelens, pour une photographie d’utilité publique ». Il est aussi en charge de la direction artistique et éditoriale du studio de création et de production multimédia « Hans Lucas ». Enfin il est le directeur pédagogique du département photographique de l’EMI (Ecole des Métiers de l’Information basé sur Paris).

 

Si tu devais t’adresser à des amateurs désireux d’évoluer vers le photojournalisme, quelles sont les références incontournables à connaître ?

 

Je proposerai plusieurs références.

 

Christian Caujolle, Circonstances particulières 2 Souvenirs, éd. Actes Sud.
John G. Morris, Des hommes d'images "Une vie de photojournalisme", éd. de La Martinière.
Philip Jones Griffiths, Vietnam Inc., éd. Phaïdon.
Robert Capa, Slightly out of focus, éditions Delpire
Denis Gielen, Atlas de l'art contemporain à l'usage de tous, éd. Mac's (Musée des arts contemporains au Grand-Hornu).
Jeu de Paume, Les années VIVA, éd. Marval.
Gilles Mora, La photographie américaine, éd. du Seuil.
Patrick Chauvel, Rapporteur de guerre, éd. Oh ! éditions.
Martin Parr et Gerry Badger, Le livre de photographies : une histoire volume I et II

 

En quoi la photographie et plus précisément le photojournalisme ont évolué aujourd’hui ?

 

Le cœur de métier reste identique. Depuis dix ans avec le numérique, de nouveaux outils peuvent être utilisés par le photographe. Sa posture et sa créativité ont évolué puisqu’il voit ses productions et ses canaux de diffusion exploser. En effet, avec l'optique, le haut débit, le très haut débit et aujourd'hui la 4G et les smartphones, le grand public a accès à un grand confort de lecture des œuvres sur le web et la téléphonie mobile. C’est dans ce sens que je vois une évolution.

 

Je développe pour bien comprendre ce constat car les générations actuelles sont nées avec tous ces récents outils. Avec l'argentique, le photographe réalisait des prises de vue sur un sujet, et la diffusion de ses photographies passait par une agence. Aujourd’hui, il peut proposer son travail autrement et nous assistons à une généralisation des supports voire l’apparition de nouveaux formats multi-supports de surcroît. Il ne s’agit plus uniquement d’appareils argentiques où il était nécessaire d’effectuer un développement avec des négatifs. Il ne s’agit plus de passer stricto facto par agence. Il ne s’agit plus forcément de répondre à une organisation interne bien établie dans la presse avant une diffusion papier dans la sphère publique. En bref, les outils et les canaux de diffusion étaient beaucoup plus limités avant l'apparition du numérique.

A l’heure actuelle, avec les développements des fabricants quant aux potentialités offertes par les appareils numériques ou les téléphones portables, le photographe n’est plus restreint au cliché. Depuis 5 ans à peu près, il devient aussi créateur, et peut développer un projet audiovisuel, web ou télévisuel. Cela va jusqu’à l’apparition de nouvelles professions comme le vidéographe.

 

De plus, depuis une dizaine d’années de nouveaux marchés sont apparus. Ce n’est que très récemment, que le travail du photojournaliste est exposé dans des musées, des galeries. Nous constatons aussi une évolution côté presse avec le mook, un mot condensé qui indique le magasine et le book. Par ailleurs, le livre devient une œuvre à part entière. Je préciserai quand même, que le photographe se situe dans la complémentarité. Il ne s'agit pas d'opposer les  médias classiques (presse, édition, exposition) aux nouvelles technologies. Mais chacun y trouve sa place, participe à la diffusion en utilisant tous les outils disponibles grâce aux nouvelles technologies. Et le public peut accéder à de nouvelles formes de diffusion par le biais du net. Qui aujourd'hui n'a pas d'ordinateur, n'a pas accès au web ou ne détient pas un téléphone portable?

 

Le numérique, les nouvelles capacités des portables, l’intégration de la vidéo dans l’appareil photographique confèrent plus de souplesse et de liberté dans le travail du photojournaliste. La photographie et l’information peuvent être de véritables créations et plus largement diffusées.

 

Tu nous parles de création, de plus de souplesse, de logique audiovisuelle. Est-ce que n’importe qui peut s’improviser à réaliser un web documentaire, une Petite Œuvre Multimédia (POM) ?

 

Effectivement, toute personne peut réaliser un web documentaire ou une POM selon certaines conditions. Cela est possible dès lors que la personne développe une logique de projet, une logique éditoriale. A savoir, que le photographe doit donner un point de vue dans le montage et la réalisation. Il doit argumenter son positionnement. Les questions liées à la technique sont secondaires pour moi. Le photographe peut s'en saisir ou trouver des complémentarités au sein d'une équipe. Ainsi sa posture peut évoluer en chef de projet.

 

Tu présides l’association Freelens et vous organisez une manifestation sur les enjeux des nouvelles écritures, des nouveaux usages de l’image et du son. Qui peut s’inscrire ?

 

Il y a plusieurs types de manifestations.

 

A partir du 29 novembre 2010, trois conférences seront ouvertes au grand public. Les photographes amateurs et débutants peuvent s’y inscrire.

 

En janvier 2011, nous organisons un stage sur 10 jours pour les professionnels avec trois formateurs dont un chef de projet, un réalisateur et une créatrice.

 

Le 12 Février 2011, nous animerons un colloque pour les professionnels ou les photographes ayant déjà un parcours.

 

Je remercie Wilfrid Estève d’avoir répondu à ces quelques questions. J’espère que cela a pu vous informer, et vous aider à mieux vous situer.

 

Pour votre information, il est prévu en Avril 2011 la sortie d’un livre rédigé par Wilfrid Estève sur le WEBDOCUMENTAIRE. Ce livre rassemblera tous les acteurs actuels du Web.

 

Si vous êtes intéressé pour approfondir votre connaissance sur le sujet, ou si vous souhaitez tout simplement vous inscrire aux conférences prévues, allez dans la rubrique liens Freelens pour en savoir plus.

 

Publié dans Photojournalisme

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